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Astuces pour planifier son jardin cet été – techniques et légumes vivaces

Légumes vivaces Québec

L'été approche à grands pas et pour de nombreux jardiniers amateurs et professionnels, c'est le retour d'une période agréable, éducative et productive.

Le présent article s’adresse aux jardiniers débutants en présentant des trucs et astuces pour un jardin comestible productif, facile à établir et à entretenir. Ce second article vous présentera les différents légumes vivaces à utiliser ici au Québec dans un potager et comment optimiser leur production tandis que la première partie, disponible ici, se concentrait sur les avantages du jardinage en général et la période des semis.

Peu importe si vous avez débuté votre période de jardinage plus tôt en élevant vos propres semis ou si vous comptez acheter vos plants matures en pépinière, plusieurs techniques peuvent améliorer le rendement de vos jardins et surtout vous rendre la vie plus facile.

 

Utilisation de paillis

L’utilisation de paillis dans le jardin est une technique que je ne connaissais pas avant de lire l’ouvrage « Les 1500 trucs du jardinier paresseux » de Larry Hodgson. Après tout, je ne suis qu’un jardinier amateur comme la majorité d’entre vous… Mais je dois avouer avoir hâte de l’essayer cet été!

Êtes-vous, comme moi, las de toujours devoir désherber le jardin? Je suis sûr que c’est une des raisons pour lesquelles plusieurs personnes ne veulent rien savoir du jardinage… En fait, cette tâche ingrate doit être réalisée en raison de notre technique de culture déficiente, où nous laissons tout le sol à nu! La solution est pourtant toute simple et logique, il s’agit de recouvrir l’espace jardin d’une bonne épaisseur de paillis naturel :

« Si vous n’avez jamais essayé le paillis, sachez que l’utilisation d’un bon paillis changera complètement votre façon de jardiner… et pour le mieux, du moins si vous calculez qu’obtenir d’aussi beaux résultats avec le dixième ou moins des efforts est un pas en avant! Un sol bien paillé d’au moins 7 à 10 cm de matière organique est moins sujet aux mauvaises herbes, à la sécheresse, au réchauffement excessif du sol, aux dommages aux racines et aux troncs causés par la tondeuse et par le piétinement et même par les insectes et les maladies. De plus, le sol restera meuble sous un paillis, ce qui a un effet nettement stimulant sur les racines : aucune plante n’aime pousser dans un sol compacté et dur. Sous un paillis, le vôtre sera toujours meuble et léger. Ne pas appliquer de paillis, c’est se chercher des ennuis! » (Hodgson, 2006 – conseil #902 -)

Il existe trois types de paillis : les paillis inertes, les paillis de longue durée et les paillis à décomposition rapide. Le jardinier paresseux nous conseille ce dernier, car en plus de tous les avantages énumérés plus haut, ce paillis se décompose et vient enrichir le sol. Cependant, cet avantage est aussi un inconvénient pour un jardinier paresseux, car il faut en rajouter à tous les ans ou deux ans. Mais « les avantages l’emportent nettement sur le désavantage, car avec les paillis décomposables, le jardinage est incroyablement facile », note-t-il, toujours dans le même ouvrage.

Voici une liste des différents paillis à décomposition rapide pouvant être utilisés: écorce de conifères (petits morceaux), copeaux de bois, écales d’arachide, écales de cacao, écales de sarrasin, feuilles déchiquetées, foin, paille, paillis forestier, papier déchiqueté, sciure de bois, tourbe horticole ou un mélange de plusieurs de ces matières.

Le jardinier paresseux

J’adore Larry Hodgson, alias le jardinier paresseux, chroniqueur spécialisé en horticulture ornementale. À travers sa carrière, il a écrit plus de 50 livres sur de nombreux sujets, mais c’est ses conseils en tant de jardinier paresseux qui l’ont rendu célèbre (Jardinier paresseux, s.d).

Sa philosophie du jardinage est très sage: on ne doit pas accepter que le jardinage devienne un fardeau. Le jardinage doit être facile, accessible et agréable.

Je vous conseille fortement la lecture de ses ouvrages, en débutant par « Les 1500 trucs du jardinier paresseux »!

Paillis jardin
Le paillis... un élément qui vaut de l'or pour un jardinier!

Maintenant que vous connaissez cette technique, vous vous demandez surement comment planter à travers cette épaisse couche de matière? C’est fort simple si vous avez des semis ou des plantes matures à planter : « il suffit d’enlever  le paillis là où le trou sera fait, d’enterrer la motte de racines en appliquant une pincée de mycorhizes[1], puis de replacer le paillis ». Pas plus compliqué que ça!

Pour des espèces qui doivent être ensemencées directement dans le sol, c’est un peu plus compliqué, car les graines ne peuvent pas germer à travers le paillis (c’est pratique pour les mauvaises herbes, moins pour les légumes). Pour éviter ce problème, on doit tasser le paillis sur tout le lecteur à ensemencer, puis « quand les jeunes légumes auront atteint environ 10 cm à 15 cm de hauteur, arrachez manuellement les mauvaises herbes… et appliquez une couche de paillis à travers les nouveaux légumes ».

J’ai étendu mon paillis décomposable… Et maintenant?

« Achetez-vous un hamac, car votre aménagement va s’entretenir presque tout seul. D’accord, il y a toujours le gazon à tondre (si vous ne l’avez pas encore complètement enlevé) et parfois un peu d’arrosage à faire… et d’accord, il faut ajouter plus de paillis quand l’épaisseur baisse à 5 cm ou moins, mais autrement, c’est le farniente! »

(Hodgson, 2006 – conseil #915 -)

Transformer son gazon en plate-bande facilement

Si vous êtes comme moi et que le fait de passer la tondeuse à gazon toutes les semaines vous donne de l’urticaire, vous pourriez penser à transformer une partie de celui-ci en plate-bande, comestible ou pas. Je vous entends déjà me dire : « mais ça va être beaucoup de travail, enlever tout ce gazon… », et vous avez totalement raison! Sauf que le jardinier paresseux a aussi une méthode bien à lui pour nous éviter ce laborieux travail :

  1. Délimitez la zone où vous voulez implanter la nouvelle plate-bande;
  2. Installez du papier journal (7 à 10 feuilles, même jusqu’à 30 si vous avez une problématique de mauvaise herbe persistante) ou du carton par-dessus la zone;
  3. Ajoutez une couche de bonne terre de 20 cm d’épais dans le cas d’une plate-bande ou de 30 cm dans le cas d’un jardin;
  4. Commencez à jardiner!

C’est aussi simple que ça! Le papier journal / carton se décomposera avec le temps, mais pas avant d’avoir agit comme barrière contre les mauvaises herbes et le gazon dessous. Vous voilà équipé d’une nouvelle plate-bande exempte d’intrus et cela, sans trop d’efforts!

Créer un nouveau jardin
Créer un nouveau jardin à l'aide de papier journal ou de carton... Facile!

Légumes vivaces

L’utilisation de légumes vivaces s’accorde parfaitement avec l’esprit d’un jardinage facile, accessible et agréable. Effectivement, en plantant des espèces pérennes, vous vous assurez d’une production de nourriture pour les années à venir, pourvu que la plante soit placée dans les bonnes conditions. Effectivement, certaines espèces peuvent vivre et produire pendant plus de 20 ans…

M. Hodgson conseille de placer ces légumes vivaces dans une plate-bande plutôt que dans le jardin, pour ne pas déranger leurs racines.

Voici une liste des légumes vivaces pouvant pousser au Québec et quelques commentaires par rapport à leur culture:

  • Asperge (Asparagus officinalis) :
    • Très rustique (zone 2);
    • Longévité d’entre 15 et 20 ans;
    • Il est possible d’utiliser la plante comme haie;
    • Plante à croissance lente, où « la première récolte se fait seulement  au cours de la troisième année (la quatrième année si vous avez planté des graines et non pas des griffes » (Hodgson, 2006).
  • Rhubarbe (Rheum rhabarbarum et Rheum rhaponticum) :
    • Rustique (zone 3);
    • Longévité de plus de 20 ans;
    • On ne peut manger que son pétiole épais (tige), car le limbe (la feuille) est toxique;
    • La montée en graine affaiblit le plant, « donc, à la fin de la floraison, donnez à la tige fleurale un bon coup de machette » (Hodgson, 2006).
Rhubarbe
La rhubarbe est une excellente plante vivace comestible au Québec!
  • Poireau (Allium porrum) :
    • Très rustique (zone 2);
    • Le long fût blanc est obtenu en coupant la lumière de la base du plant. Cela demande de l’effort et n’est purement que pour l’aspect esthétique du légume, car « le goût du fût vert est aussi bon que celui du fût blanc »;
    • Peu de gens le savent, mais le poireau est bel et bien une vivace : « si vous ne le récoltez pas à l’automne, il va fleurir au printemps […] et se diviser au pied, formant plusieurs plants très serrés. […] Je vous suggère de planter deux fois plus de poireaux que vous n’en avez besoin : ainsi, vous pourrez en traiter la moitié de la manière conventionnelle, c’est-à-dire en les récoltant à l’automne, et laisser les autres en place pour qu’ils pérennisent et vous donnent par la suite une récolte annuelle » (Hodgson, 2006).
  • Topinambour (Helianthus tuberosus) :
    • Seul légumes vivace ET envahissant, si bien qu’on doit le planter « loin des autres légumes, dans un coin mi-sauvage de votre cour ou, encore, à l’intérieur d’une barrière » (Hodgson, 2006);
    • Si on laisse le rhizome (c’est le tubercule, enterré, de la plante que l’on récolte) enfoui pendant l’hiver et qu’on le récolte au printemps, il sera plus sucré.
  • Ciboulette :
    • Très rustique (zone 2);
    • Fort probablement « la plus facile des fines herbes à cultiver. Elle […] pousse au soleil ou à l’ombre, tolère aussi bien les sols secs que les sols humides » (Hodgson, 2006);
    • Pour repousser, il faut qu’elle ait gelée (donc possible de la cultiver à l’intérieur pendant l’hiver seulement que si elle a subi 2 ou 3 bonnes gelées avant de la rentrer).

Pour terminer, j’espère que ces quelques conseils vous faciliteront la vie cet été lorsque vous ferez votre jardinage! Pour ceux qui n’ont pas le temps ou qui ne peuvent le faire de par des limitations physiques, sachez qu’il est possible d’avoir la même qualité de fruits et légumes frais dans votre assiette tout en encourageant l’agriculture locale. Voici ce que j’écrivais en 2016 dans un autre article :

Encourager l’agriculture locale en se procurant des paniers bio

(extrait de l’article : L’agriculture bio de proximité pour lutter contre la famine et le réchauffement climatique)

Au Québec, il y a vraiment une tendance à acheter de plus en plus local et biologique depuis quelques années. Plusieurs programmes sont disponibles pour se trouver un « fermier de famille », mais le meilleur demeure celui des paniers bio d’Équiterre.

Une carte de tous les producteurs locaux est disponible à cette adresse web: http://www.paniersbio.org/fr/

Ou pour ceux moins a l’aise avec Internet, par téléphone: 1 877 272-6656

Vous y retrouverez des producteurs variés dans pratiquement toutes les régions: paniers d’été, paniers d’hiver, viande… Tout cela bio et local bien entendu!

Bon été, bon jardinage et surtout, amusez-vous!

 

[1] Les mycorhizes sont des champignons bénéfiques qui « agissent un peu comme une extension des racines : ils permettent à la plante d’aller chercher davantage de minéraux et d’eau que les racines auraient pu le faire elles-mêmes » (Hogson, 2006).


Références :

Fortier, J. M. (2012). Le jardinier-maraîcher – Manuel d’agriculture biologique sur petite surface. Montréal, Les éditions Écosociété, 198 p. (Collection Guides pratiques).

Hogson, L. (2006). Les 1500 trucs du jardinier paresseux. Ottawa, Broquet inc,704 p. (Collection Le jardinier paresseux).

Hogson, L. (2015). La rhubarbe: lente mais sûre. Le Soleil.  [En ligne] http://www.lapresse.ca/le-soleil/maison/horticulture/201505/16/01-4870268-la-rhubarbe-lente-mais-sure.php (page consultée le 6 avril 2017).

Jardinier paresseux (s.d). Biographie. [En ligne] https://jardinierparesseux.com/biographie/ (page consultée le 17 février 2017).

 

Note : toutes les photos présentes dans l’article ont été prises par l’auteur 🙂


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