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Réduire son impact sur le climat : les actions individuelles les plus efficaces

Réduire son impact sur le climat

Il existe une panoplie d’actions citoyennes pour réduire son empreinte écologique que les plus écolos d’entres nous pratiquent assurément déjà : recycler, manger moins de viande, acheter bio et local, utiliser le transport en commun, etc. Mais malgré toute notre bonne volonté, est-ce que ces actions ont réellement un effet?

C’est ce que deux chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique et de Lund, en Suède, ont tenté de quantifier dans leur étude “The climate mitigation gap: education and government recommendations miss the most effective individual actions“. La lettre, publiée en juillet 2017 dans le journal scientifique “Environmental Research Letters“, tente effectivement de déterminer quelles actions individuelles sont les plus efficaces dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour ce faire, les deux scientifiques ont analysé la littérature et ont calculé l’impact de diverses actions en termes de tonnes de CO2 équivalent[1] à partir de 148 scénarios provenant de 39 sources. Je dois l’avouer tout de suite, les conclusions de l’étude sont assez surprenantes et mettent en doute l’efficacité des gestes les plus souvent mis de l’avant par les différents organismes et paliers gouvernementaux pour réduire notre impact sur l’environnement. C’est pourquoi je trouvais important de partager ces données! À noter que les lignes à venir ne sont pas écrites dans le but de vous décourager ou de vous dire quoi faire et quoi ne pas faire, mais plutôt de vous faire réaliser l’étendue de nos actions. Le tout est écrit sans jugement, j’ai moi-même beaucoup à changer vis-à-vis les actions les plus efficaces.

Sans plus tarder, voici les 4 actions les plus efficaces pour réduire notre impact sur le climat :

  1. Avoir un enfant de moins (- 58,6 tonnes CO2 é);
  2. Vivre sans voiture (- 2,4 tonnes CO2 é);
  3. Éviter les voyages en avion (- 1,6 tonne CO2 é);
  4. Avoir une alimentation exclusivement végétale (- 0,8 tonne CO2 é).

Vous êtes peut-être aussi étonné que moi de voir l’importance d’avoir un enfant en moins. On entend souvent parler de l’impact du transport et de la consommation de viande, mais très rarement de l’aspect démographique; il s’agit d’un sujet tabou. De là l’importance de l’étude : on ne concentre par nos énergies dans les bonnes actions, du moins celles qui ont un réel impact. Trop souvent, les organismes environnementaux et le gouvernement encouragent les citoyens à effectuer des actions simples, mais qui ont finalement un impact faible, comme le recyclage ou changer ses ampoules pour des modèles plus efficaces. L’étude arrive effectivement à la conclusion que ces deux actions sont respectivement 4 et 8 fois moins efficaces qu’une diète végétalienne. Est-ce que ça veut dire que l’on devrait arrêter les actions à faible impact? Bien entendu que non! Mais gageons que de réaliser l’importance de chaque geste et leur impact réel vous aidera à mettre en perspective votre impact.

Si vous voyagez à l'étranger à chaque année en avion, les émissions des vols pourraient fort bien annuler tous vos autres efforts personnels...
Si vous voyagez à l'étranger à chaque année en avion, les émissions des vols pourraient fort bien annuler tous vos autres efforts personnels...

Prenons l’exemple d’une personne vraiment écolo qui fait attention à son impact sur la Terre en ne mangeant aucun produit animalier (- 0,8 tonne CO2 é), qui recycle (- 0,21 tonne CO2 é), qui n’utilise que des sacs réutilisables (- 0,05 tonne CO2 é) et qui fait attention à ne produire aucune perte de nourriture (- 0,37 tonne CO2 é). Cette personne fait beaucoup d’efforts et ainsi, son empreinte carbone est de 1,43 tonne en CO2 équivalent plus basse que la moyenne canadienne (qui est de 13,5 tonnes CO2 é). Cependant, si cette personne décide de partir en voyage et de prendre l’avion, son transport équivaudra à une émission de 0,7 à 2,8 tonnes en CO2 équivalent (dépendamment de la distance et d’autres facteurs), pouvant donc réduire ses efforts à néant ou même rendre ses émissions plus importantes que la moyenne.

Mais pourquoi, exactement, devrions-nous surveiller et effectuer des gestes pour diminuer notre impact sur le climat? Pourquoi se priver de choses aussi agréables!?

En décembre 2015, les 195 nations de la Terre ont pris l’engagement de limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C; il s’agit de l’accord de Paris. Cette cible s’appuie sur la littérature scientifique qui estime qu’un réchauffement climatique supérieur engendrerait des conséquences graves, comme des inondations importantes et répétées, une sécheresse accentuée dans les régions manquant déjà d’eau, des épisodes climatiques plus graves et fréquents, etc.

Si rien n'est fait pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'humanité, plusieurs zones sur le globe pourraient devenir invivables dû à la chaleur extrême ou la montée des océans.
Si rien n'est fait pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'humanité, plusieurs zones sur le globe pourraient devenir invivables dû à la chaleur extrême ou la montée des océans.

Or, « la plupart des scénarios couramment utilisés supposent l’utilisation de futures technologies non prouvées dans le but afin d’atteindre des émissions négatives. […] La législation et une transformation majeure des sources énergétiques peuvent prendre des décennies à changer à cause de la structure des infrastructures et des institutions, mais les changements de comportement au niveau individuel ont le potentiel d’être plus rapides et répandus » (traduction libre de Wynes et Nicholas, 2017).

Pour éviter un réchauffement climatique de plus de 2 °C, tous les humains devront générer annuellement moins de 2,1 tonnes en CO2 équivalent d’ici 2050. Or, actuellement, ces émissions pour chacun des habitants de ces pays industrialisés sont de :

  • États-Unis – 16,4 tonnes CO2 é;
  • Australie – 16,3 tonnes CO2 é;
  • Canada – 13,5 tonnes CO2 é;
  • Union Européenne – 6,7 tonnes CO2 é.

Comme vous pouvez le constater, il y a du travail à effectuer et comme près de 50 % des émissions de gaz à effet de serre mondialement sont reliées au style de vie des individus vivant dans les pays développés, nos choix individuels ont une portée trop souvent insoupçonnée.

Voici donc un tableau indiquant toutes les actions mentionnées dans l’article de même que leur résultante en termes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, en ordre décroissant :

Action Réduction de GES (tonne CO2 é)
Avoir un enfant de moins 23,7 à 117,7
Vivre sans voiture 1 à 5,3
Éviter les voyages en avion 0,7 à 2,8
Avoir une alimentation exclusivement végétale 0,3 à 1,6
Utilisation d’une voiture plus économe en essence 1,19
Utilisation d’énergie renouvelable <0,1 à 2,5
Éviter toute perte de nourriture 0,37
Manger des aliments locaux 0 à 0,36
Manger moins de viande 0,23
Recycler 0,21
Faire sécher ses vêtements sans machine 0,21
Planter un arbre 0,06 à 0,6
Utilisation de sacs réutilisables 0,05

Évidemment, ces données varient en fonction du pays, de l’utilisation et même de la personne, ce pourquoi il y a une plage de valeurs pour certaines des actions.

Certaines de ces actions sont hautement controversées et demandent plus d’efforts et de compromis que ce que la majorité des personnes habitant le monde développé sont prêtes à concéder, moi y compris, je dois l’avouer. Les conclusions d’une autre étude, publiée dans le magazine Nature deux semaines après la précédente, ne sont donc pas surprenantes : « il y a 5 % de chances de limiter le réchauffement climatique à 2°C [et 1% de chances de le limiter à 1,5 °C] » (Agence France-Presse, 2017).

Mais au lieu de se laisser abattre par ces données, pourquoi ne pas activement agir pour diminuer notre empreinte carbone en pratiquant certaines des actions listées plus haut? Vous n’êtes en aucun cas obligé de tout faire, allez-y une étape à la fois et en respectant vos limites personnelles. Que comptez-vous faire en premier? Profitez-en pour en parler à vos proches, c’est toujours plus encourageant de le faire en groupe!

Cet article a été écrit pour le magazine Vitalité Québec (parution: octobre 2017) , qui m’a gracieusement donné la permission de le publier sur Écoactualité.

Le magazine Vitalité Québec est la véritable référence en santé globale, et ce, depuis plus de 25 ans! Vous pouvez le retrouver tous les mois dans la majorité des boutiques d’alimentation naturelle ou vous pouvez vous abonner pour le recevoir à la maison : http://vitalitequebec-magazine.com/abonnement.html


Références

Agence France-Presse (2017). Climat: 5 % de chances de limiter le réchauffement à 2°C. [En ligne]. http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/504688/climat-5-de-chances-de-limiter-le-rechauffement-a-2-c? (Page consultée le 1er août 2017)

Climate Change Connection (s.d.). CO2 equivalents. [En ligne]. https://climatechangeconnection.org/emissions/co2-equivalents/ (Page consultée le 1er août 2017)

Wynes, S. et Nicholas, K. A. (2017) The climate mitigation gap: education and government recommendations miss the most effective individual actions. Environmental Research Letters, Volume 12, Number 7

Pour consulter l’étude intégralement et gratuitement : http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/aa7541


[1] Il existe de nombreux gaz à effet de serre, qui ont tous un impact différent sur le climat lorsqu’émis dans l’atmosphère. Pour pouvoir les comparer facilement, la littérature convertie souvent ce potentiel en unité « CO2 équivalent », où le potentiel de réchauffement du CO2 répartie sur 100 ans est de 1.

Par exemple, le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O) ont respectivement des potentiels de réchauffement 25 et 298 fois supérieurs au CO2 (Climate Change Connection, s.d.).


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