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Réchauffement climatique : minuit moins cinq

Changement climatique

« Les changements climatiques sont un défi de long terme, mais qui exigent une action urgente, non pas demain, mais aujourd’hui et maintenant, étant donné le rythme et l’échelle avec lesquels les gaz à effet de serre s’accumulent dans l’atmosphère et les risques croissants de dépassement des 2 degrés Celsius d’augmentation de température »

– Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l’environnement

Le premier volet du fort attendu 5e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à été publié à la fin septembre et ses conclusions sont inquiétantes. Le groupe, gagnant d’un prix Nobel de la paix pour son 4e rapport en 2007, étudie le climat depuis 1988. Leurs rapports consistent en une synthèse de l’information scientifique disponible sur laquelle ils se basent pour construire des modèles de simulation du climat, des précipitations, etc.

La communauté scientifique évalue qu’il faut à tout prix éviter un réchauffement plus élevé que 2 °C, sans quoi les conséquences du changement climatique augmenteraient drastiquement.

Pour comprendre les conclusions de l’étude, commençons par analyser la figure 1 :

Figure 1 : Émissions de gaz à effets de serre en fonction de différents scénarios (traduction de la figure SPM.10 de GIEC, 2013)
Figure 1 : Émissions de gaz à effets de serre en fonction de différents scénarios (traduction de la figure SPM.10 de GIEC, 2013)

Les données exactes du réchauffement ainsi que de la montée des océans sont présentées dans le tableau 1 :

Tableau 1 : Changement de la température et du niveau des océans en fonction de divers scénarios (traduction du tableau SPM.2 de GIEC, 2013)

Scénario 2046 – 2065 2081 – 2100
Moyenne Variation probable Moyenne Variation probable
Changement moyen de la température sur la surface de la Terre RCP 2.6 1,0 0,4 à 1,6 1,0 0,3 à 1,7
RCP 4.5 1,4 0,9 à 2,0 1,8 1,1 à 2,6
RCP 6.0 1,3 0,8 à 1,8 2,2 1,4 à 3,1
RCP 8.5 2,0 1,4 à 2,6 3,7 2,6 à 4,8
Montée moyenne du niveau des mers mondialement RCP 2.6 0,24 0,17 à 0,32 0,40 0,26 à 0,55
RCP 4.5 0,26 0,19 à 0,33 0,47 0,32 à 0,63
RCP 6.0 0,25 0,18 à 0,32 0,48 0,33 à 0,63
RCP 8.5 0,30 0,22 à 0,38 0,63 0,45 à 0,82

Force est de constater que le seul scénario qui permettrait une augmentation du climat de moins de 2 °C est celui où nous réduisons nos émissions de GES de façon drastique (RCP 2.6). Effectivement, d’ici à 2100, toutes les autres simulations indiquent la possibilité d’une augmentation plus élevée que la cible.

Le rapport Stern Review, de Nicholas Stern , ancien vice-président de la Banque mondiale, affirmait qu’en 2006, il en couterait 2 % du PIB mondial pour réduire les émissions de GES et ainsi les impacts du réchauffement climatique. Au contraire, si rien n’est fait en ce sens, les conséquences du réchauffement climatique pourraient coûter jusqu’à 20 % du PIB mondial.

Il n’est donc toujours pas trop tard pour agir… Mais il est minuit moins cinq. Attendre avant d’agir ou continuer d’agir de la même façon aura un impact dévastateur partout sur Terre. Oui, M. Harper, c’est vous et votre sable bitumineux que je pointe du doigt!*


Références :

GIEC (2013). Climate Change 2013 : The physical Science Basis – Summary for Policymakers. [En ligne] http://www.climatechange2013.org/images/uploads/WGIAR5-SPM_Approved27Sep2013.pdf (Page consultée le 4 octobre 2013).

Stern, N. (2006). STERN REVIEW: The Economics of Climate Change – Executive summary. [En ligne] http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/+/http:/www.hm-treasury.gov.uk/media/4/3/Executive_Summary.pdf (Page consultée le 4 octobre 2013).


Note de l’auteur : il est désespérant de voir qu’entre l’écriture de cet article (janvier 2014) et sa mise en ligne sur la nouvelle version du site (juillet 2019), rien n’a vraiment changé au Canada.

Le premier ministre Trudeau à suivi les traces d’Harper en achetant le pipeline Trans Mountain au coût ridicule de 4,5 milliards de dollars pour y transporter le pétrole sale des sables bitumineux. Sans compter le fait que le projet d’agrandissement du pipeline coûtera au bas mot 7,4 milliards de dollars… En plus de faire « tripler le débit de pétrole et multiplier par sept le nombre de pétroliers au large de Vancouver, passant de 5 à 34 bateaux par mois » (Buzzetti et Vastel, 2019).

Oh, et la meilleure nouvelle? Il s’agit d’un pipeline vieux de 66 ans (construction en 1953)…

Référence de la note :

Buzzetti, H. et Vastel, M. (2019). Ottawa donne le feu vert au projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain . [En ligne] https://www.ledevoir.com/politique/canada/557001/ottawa-approuve-l-expansion-du-pipeline-trans-mountain (Page consultée le 21 juillet 2019).


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